Nous, organisations de la société civile, attachées aux droits humains universels, au développement durable, à la liberté de circulation et au tourisme éthique, sommes alarmées de voir le Giro d’Italie, événement cycliste mondial, aider Israël à enfreindre le droit international et les droits humains des Palestiniens.
Tenir le «Big Start» de l’édition 2018 du Giro en Israël ne contribuera pas uniquement à dissimuler l’occupation militaire israélienne et ses politiques racistes contre les Palestiniens, mais exacerbera également l’impunité israélienne, encourageant l’État d’Israël à continuer de nier au peuple palestinien ses droits, droits pourtant stipulés par les Nations Unies.
Commencer la course à Jérusalem contribuera à renforcer l’illégale souveraineté israélienne sur la ville. Depuis 1967, année lors de laquelle l’État d’Israël a occupé et annexé illégalement Jérusalem-Est, l’État d’Israël œuvre sans relâche pour étendre et consolider ses colonies juives illégales dans et autour de la ville.
Selon le rapporteur spécial des Nations Unies, la municipalité de Jérusalem elle-même, par principe, mène activement un «nettoyage ethnique» à l’encontre des Palestiniens par des démolitions de maisons, des expulsions forcées et par la révocation de leur droit de résidence. Les pratiques israéliennes à Jérusalem ont été à maintes reprises jugées illégales par les Nations Unies.
Sur son site web et ainsi que sur ses réseaux sociaux officiels, le Giro d’Italie décrit mensongèrement Jérusalem-Est occupée comme faisant partie de l’État d’Israël et comme étant sa capitale unifiée. Aucun pays ne reconnaît une partie quelconque de Jérusalem comme capitale de l’État d’Israël.
L’étape prévue dans le sud d’Israël, à travers le désert du Naqab (Neguev), passera à proximité de dizaines de villages de Bédouins palestiniens que l’État d’Israël refuse de reconnaître. L’État d’Israël refuse aux populations palestiniennes autochtones de ces villages, qui sont des citoyens israéliens, les plus élémentaires des services, y compris l’électricité, l’eau, les dispensaires, les écoles et les routes. Parmi ces villages, nombreux ont été soumis à de multiples démolitions par Israël, l’un d’eux, Al-Araqib, ayant été démoli plus de 100 fois. En outre, Israël révoque arbitrairement la citoyenneté de milliers de Palestiniens bédouins, les laissant apatrides, en violation flagrante du droit international.
Le Giro d’Italie travaille également avec au moins une entreprise présente dans les colonies illégales israéliennes. La société de production israélienne en charge de l’événement compte parmi ses clients l’entreprise « Golan Heights Winery» qui opère depuis le Golan syrien occupé en violation du droit international.
Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a déjà averti quelque 150 sociétés israéliennes et internationales des conséquences juridiques de leur implication illégale dans les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est. D’après le droit international, toutes les colonies israéliennes construites sur les territoires palestiniens et syriens occupés constituent un crime de guerre.
Nous sommes également préoccupées par des informations quant aux projets du Giro d’Italie de «célébrer» les 70 ans de la création de l’État d’Israël alors que les Palestiniens commémoreront le 70e anniversaire de la Nakba (Catastrophe). La Nakba marque l’exil de 800 000 Palestiniens autochtones de leur patrie, annonçant le début de la dépossession israélienne des Palestiniens en tant que peuple et la négation permanente de leurs droits humains.
Pareilles injustices et oppressions vont à l’encontre des valeurs et de l’esprit du sport.
C’est pourquoi nous appelons RCS MediaGroup, les organisateurs du Giro d’Italie, à déplacer le départ de la course vers un autre pays afin d’éviter toute implication dans les violations israéliennes du droit international et des droits humains palestiniens.
Nous rappelons à RCS MediaGroup, aux sponsors de la course ainsi qu’aux équipes participantes, les conséquences juridiques mais aussi l’impact sur leur image de marque résultant de leur collaboration avec les institutions israéliennes et avec les entreprises impliquées dans les violations des droits humains et du droit international.
Nous invitons les équipes cyclistes qui envisagent de participer à la course l’année prochaine à se joindre à nous pour exhorter RCS MediaGroup à déplacer le départ de la course vers un autre pays, et si le RCS ne le fait pas, à envisager de se retirer de la course pour éviter de contribuer aux violations des droits humains et du droit international.
Enfin, nous demandons instamment aux gouvernements des équipes participantes de prendre publiquement position contre les revendications israéliennes de souveraineté sur Jérusalem, dont Jérusalem-Est, comme capitale et d’encourager les équipes, les institutions et entreprises à s’abstenir de reconnaître ou faciliter les violations israéliennes du droit international.